L'univers préapocalyptique de The Legend of Zelda: Majora's Mask

À propos de ce dossier

Majora's Mask fascine les joueurs de Zelda par son développement incroyable et par son ambiance si particulière. Le thème de apocalypse lui confère des qualités qui lui permettent d'être un grand jeu.


Fuir et protéger : la Colère, le Marchandage et la Dépression

Il est cependant évident que se résigner ou nier l'apocalypse approchant n'est pas acceptable pour tout le monde. D'autres personnages vont lutter contre cette lune qui est sur le point de s'écraser avec leur faible moyen. C'est par exemple le cas de la famille d'Anju qui espère, en se réfugiant dans le Ranch Romani, pouvoir échapper à la destruction provoquée par la chute de la lune. En vérité, c'est surtout le cas de la mère d'Anju, la fille étant beaucoup trop occupée par le désir de retrouver son futur mari. Néanmoins, si Link ne lui donne pas des nouvelles de Kafei, elle finira par s'en aller avec le reste de sa famille sans espoir de retrouver son être aimé. Il faut noter que dans le cas d'Anju, ce n'est plus à la fin du monde que s'applique le modèle de Kübler-Ross, mais bien à la perte d'un être cher. On retrouve cependant les mêmes phases, même si on n'a pas le temps de toutes les observer.

Comme dit plus haut, la colère est un sentiment que l'on retrouve chez Mutoh et ses ouvriers. Cependant, elle est dirigée non pas contre l'apocalypse et la mort prochaine auxquelles ils ne croient pas, mais contre les habitants qui ne sont pas d'accord avec eux. Ce sont des victimes collatérales. Un autre personnage est cependant en colère. Il s'agit de Gorman, le responsable de la troupe éponyme qui devait présenter son spectacle lors du Carnaval. C'est à partir du moment où Madame Aroma lui annonce qu'il n'a plus de rôle à jouer qu'il agresse quiconque vient le déranger. Sa colère est dirigée contre la cause de l'annulation du spectacle qui est en vérité la lune menaçant de s'écraser, mais elle s'exprime cependant contre toute personne le dérangeant.

« Je suis en colère! Que personne ne me parle. ... Ils plaisantent, ce n'est pas possible ?!? Que vais-je faire ? »

Gorman, The Legend of Zelda: Majora’s Mask

Parmi les représentants de la phase du « Marchandage », ce sont les gardes de Bourg-Clocher qui sont les plus expressifs. En effet, on les surprend à plusieurs reprises à demander l'évacuation de la ville afin de tenter ꟷ vainement ꟷ de sauver quelques personnes. Ils se tournent tour à tour vers différents responsables : d'abord le maire Dotour qui ne peut malheureusement pas faire grand-chose, mais également vers des dieux indéterminés. Leur supplique est simple :

« Que les dieux protègent ces enfants ! »

Un garde de Bourg-Clocher, The Legend of Zelda: Majora’s Mask d'Akira Himekawa page 143.

Si on souhaite voir un bel exemple de phase de « Dépression », il faut cette fois sortir un petit peu de Bourg-Clocher et se diriger au ranch Romani où se trouve Grog, l'éleveur de poussins. Il n'a pas la possibilité de fuir. Il le sait bien. Ses pensées se tournent alors vers ses petits protégés qui ne grandiront que grâce à l'intervention de Link revêtant le masque de Brême. Il accepte sa future mort, mais il n'est pas résigné cependant à ne pas voir ses poussins devenir des cocottes. Il est simplement triste et plein de regrets. Une fois que son rêve est réalisé, Grog est alors heureux. La lune sur le point de s'écraser est éclipsée. Cela ne suffit pas à ternir le bonheur qu'il ressent.

« J'ai entendu mes parents dire que la lune va s'écraser sur nous… Vu la taille de ce machin, c'est sûr que le ranch va y passer. Hahhh... Ben, c'est comme ça. Mon seul regret, c'est que je ne verrai pas ces p'tits poussins devenir de belles cocottes. »

Grog, The Legend of Zelda: Majora’s Mask

L'apocalypse est, dans The Legend of Zelda: Majora's Mask, un outil qui nous permet de mettre en avant des traits de caractères différents. Entre le maître d'armes fanfaron et, en définitive, peureux et le postier qui place sa fonction au-dessus de sa propre sécurité, il est facile de savoir lequel des deux est le plus courageux. Au contraire, la question est plus compliquée lorsqu'il s'agit de comparer des personnages comme les ouvriers et les gardes. Entre ceux qui restent persuadés qu'il vaut mieux continuer le Carnaval et ceux qui demandent à évacuer la ville pour protéger ses habitants, on peut se demander lesquels sont les plus courageux. Le modèle de Kübler-Ross nous apprend que Mutoh et ses camarades font preuve de déni. Ils renieront cependant leur croyance puisque certains d'entre eux finiront par quitter la ville tout de même. Les gardes, quant à eux, agissent dans l'espoir de pouvoir protéger. Leur fuite est le seul moyen de lutter qu’il leur reste.

À travers ces quelques exemples, on a pu mettre en application le modèle de Kübler-Ross et ainsi mieux comprendre les réactions des différents personnages. D'autres comportements apportent également d'autres nuances que nous n'avons pas abordées. Libre à vous de vous demander dans quel cas se trouve tel ou tel habitant de Bourg-Clocher. Il ne faut cependant pas comprendre que le modèle de Kübler-Ross a servi d'inspiration pour le scénario, contrairement à ce qui peut être sous-entendu dans certains dossiers traitant de la mort de Link dans Majora's Mask. Pour trouver des inspirations qui auraient pu intervenir dans la création de l'histoire du jeu, nous vous proposons l'histoire des Quatre Cavaliers de l'Apocalypse.

Dossier réalisé par Yorick26, le 10 décembre 2018

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À propos de l'auteur :
Passé de noob à tyran, puis de Maman de l'équipe à Chef, je partage ma passion pour Zelda sur PZ depuis plus de 10 ans... même si certains me traitent d'hérétique car j'apprécie peu Link's Awakening.