Majora's Mask : Notions d'empathie et d'espace-temps

À propos de ce dossier

Analyse sur un épisode différent, à travers deux notions essentielles au jeu : l'empathie et le temps.


Les masques : reliques empathiques et souvenirs impérissables

Par leurs symboles ils expliquent la particularité de ce Zelda : Link passe constamment au second plan, et n'existe pas en tant que héros de la légende. En effet, si le jeune hylien cache son visage derrière un simple masque, il apparaît également comme quelqu'un de totalement différent aux yeux des autres personnages du jeu. Au delà d'un simple déguisement, ces masques sont plutôt une vraie métamorphose et une usurpation d'identité.

On distingue deux types de masques : tandis que certains offrent une réelle nouveauté au niveau du gameplay, d'autres permettent seulement l'obtention d'un item ou le déclenchement d'une quête. Les modifications apportées sont donc plus ou moins conséquentes, et prennent le pas sur le gameplay classique d'un Zelda, offrant alors une grande diversité de mouvements et de possibilités. Et c'est en ce sens que l'identité même de Zelda est bouleversée : aucune présence des marqueurs forts de la série, comme Ganondorf ou la princesse, aucun signe direct et volontaire de la Triforce de la part des développeurs.. nombreux sont les fans qui ont été déboussolés avec cet épisode. Pourtant, en creusant un petit peu, on se rend compte que le jeu est un véritable hymne à la diversité, à la poésie, à l'espoir et à la tolérance.

Avant d'aborder la notion de malheur, il paraît nécessaire de parler des souvenirs que représentent ces masques : ils sont la trace de notre aventure et de nos rencontres, à travers le temps et les catastrophes. Quoi qu'il arrive, Link se façonne par l'intermédiaire de ces objets, et chaque masque est une pierre de plus à l'édifice : celui même qui mène à Skull Kid, l'ennemi final. Ce n'est pas sans peine que Link parviendra à sauver Termina de la destruction.

Le thème du malheur est sans cesse abordé, notamment via la sensation d'empathie et le chant de l'apaisement, que nous approfondirons un peu plus loin dans ce dossier. La bande son sublime concorde parfaitement avec cette idée, et la fatalité imposée par le défilement du temps ainsi que la petitesse du monde dévoilent Termina sous un autre jour, déchirée par un antagonisme fatalité/espoir.

En abordant cette notion de malheur, j'en viens à la source même de mon idée : les masques sont les vecteurs des émotions du jeu. Ils sont criants d'humanité, de sincérité et d'empathie. C'est en ça que l'antagonisme réside : si le monde semble voué à la destruction, ces objets apportent des réponses et des espoirs. Que ça soit par l'intermédiaire de mécanismes de gameplay ou même de modifications scénaristiques, ils représentent notre seul moyen de modifier le cours du temps et de sauver Bourg-Clocher et Termina de l'apocalypse. Une lutte permanente contre la fatalité et le destin, qui, suivant les masques, se manifeste différemment.

Dossier réalisé par Hoyale, le 10 juillet 2013