Interview : Romendil - Chronique d'une saga légendaire vol. 2

À propos de l'interview

Valérie "Romendil" Précigout nous raconte son rapport à la série Zelda et nous détaille l'écriture de son livre dédié à Breath of the Wild sorti en octobre 2017 chez Third Editions.


Jusque-là, lorsque vous écriviez sur Zelda, c’était généralement dans le cadre de textes assez courts, typiquement des tests. Passer de quelques milliers de mots à une centaine de pages pour parler d’un Zelda, c’était un stress ou une libération ?

Ayant plutôt tendance à me sentir limitée dans mes tests par nécessité d’aller à l’essentiel, je l’ai plutôt perçu comme une libération. Pouvoir se lancer dans une analyse en ayant carte blanche pour développer la réflexion autant que nécessaire est une chance lorsqu’on écrit. Le fait de prendre le temps de décomposer les étapes permet justement de ne pas perdre le lecteur, mais au contraire de mieux lui faire comprendre notre cheminement et de rendre la lecture plus agréable, car moins soumise à des contraintes.

Il est parfois difficile de se passer des vieilles habitudes. Cela ne vous a pas manqué de ne pas attribuer une note au jeu à la fin de cette longue analyse ?

Non, le fait d’attribuer une note n’a jamais été naturel pour moi. Le rêve de tout rédacteur est que ses lecteurs lisent attentivement son test pour comprendre ce que donne le jeu sans qu’il ressente le besoin de lire la note finale. Si le test a été suffisamment clair et argumenté, le lecteur ne devrait même pas avoir besoin de la note pour savoir ce qu’il faut penser du jeu. Et puis attribuer une note a quelque chose de « tout-puissant » que je n’aime pas beaucoup, d’autant plus qu’une appréciation dépend en grande partie du ressenti de chacun, donc ça ne veut pas dire grand-chose.

Écrit-on de la même manière dans un livre s’adressant à des joueurs passionnés que sur un site Internet visant un public au profil assez similaire ?

Non, car lorsqu’on écrit sur un site Internet on s’autorise des facilités d’expression qui ne passeraient pas dans un livre. On ne le réalise pas forcément lorsqu’on lit, mais bien lorsqu’on écrit. C’est quelque chose dont je me suis aperçue en attaquant l’ouvrage dédié à Dragon Ball. Au départ, ayant derrière moi quinze années d’écriture destinées au net, j’avais parfois des difficultés à me débarrasser de mes réflexes « naturels » d’écriture pour passer à quelque chose de plus soutenu. J’avais même peur que le résultat paraisse « pompeux ». Et puis j’ai pris conscience qu’une même personne ne lit pas un livre de la même façon qu’elle lirait un test, elle est en droit d’attendre quelque chose de beaucoup plus travaillé qui lui donne envie de prolonger longtemps sa lecture sans avoir l’impression de perdre son temps. Dans le cadre d’un simple test, c’est quelque chose qu’on ne peut pas obtenir, car ce qui prime c’est le message qu’on veut faire passer.

Impression oblige, il n’est pas possible d’effectuer une petite correction après publication, ou d’ajouter un petit détail. Auriez-vous aimé pouvoir changer certaines choses à postériori ?

Non, je crois qu’il faut accepter l’idée qu’il puisse y avoir toujours une ou deux coquilles au moment de l’impression, comme dans tous les livres. Et puis il y a tellement de relectures de faites, entre l’auteur, le correcteur et l’éditeur, qu’à moins de voir pointer un élément de dernière minute que l’on regretterait de ne pas avoir eu le temps de prendre en compte, il n’y a pas de raison d’avoir des regrets.

Vos précédents textes sur Zelda pouvaient donner lieu à des centaines de commentaires. Comment avez-vous vécu la quasi-absence de retours immédiats inhérente au support papier ?

C’est vrai que je ne peux me baser que sur les retours de quelques proches, ce qui est forcément moins représentatif qu’au travers de centaines de commentaires, mais leurs impressions m’ont plutôt rassurée, car lorsqu’on passe plusieurs mois sur un même sujet on n’a plus suffisamment de recul sur ce qu’on écrit. Les nombreux retours que je recevais lorsque j’écrivais sur un site aussi consulté que Jeuxvideo.com m’ont toujours beaucoup aidée et encouragée, donc oui ça manque forcément.

Avez-vous eu votre mot à dire sur le choix de la couverture ?

En fait, c’était vraiment la surprise totale ! La couverture non définitive était assez différente, et je dois dire que j’ai été vraiment bluffée par le résultat. Je sais que je peux leur faire confiance là-dessus, ne pouvant de toute façon pas apporter grand-chose moi-même à ce niveau-là.

S’il y avait un seul élément de Breath of the Wild que vous voudriez mettre en avant, que vous aimeriez que l’on retienne tous, lequel serait-il ?

L’évasion. Il ne faut surtout pas, comme trop souvent, se lancer dans le jeu avec l’idée de le terminer pour ensuite passer à autre chose. Il faut l’aborder comme un voyage, sans être pressé par le temps et avec l’envie de se laisser guider par son instinct pour en savourer tous les imprévus. C’est un jeu qui s’apprécie vraiment sur la durée, sur le long terme.

C’est le deuxième livre que vous écrivez pour Third Editions. D’autres projets éditoriaux sont-ils déjà prévus avec eux ?

Oui, je ne peux évidemment pas révéler de quoi il s’agit, mais c’était un projet qui était dans les starting-blocks dans le cas où la sortie de Zelda serait repoussée de plusieurs mois, et qui me tient également beaucoup à cœur.

Pour finir, j’aurais quelques questions, un peu plus légères sur votre rapport à la série Zelda. Quel est votre Zelda préféré sur console de salon ?

Zelda II, définitivement !

Quel est votre Zelda préféré sur console portable ?

Link’s Awakening, parce qu’il nous embarque dans quelque chose d’assez magique.

Quel est votre personnage secondaire préféré issu de Zelda ?

J’aime beaucoup la manière dont le personnage d’Impa se renouvelle au fil des jeux, on ne sait jamais à quoi s’attendre ! Sinon Skull Kid m’a beaucoup touchée dans Majora’s Mask.

Quel est votre thème musical préféré tiré de Zelda ?

Impossible pour moi de départager les thèmes des donjons du premier Zelda et de Zelda II. Il y a une version orchestrale vraiment fantastique du premier dans le concert live de The Legend of Zelda – Suite par le Swedish Radio Symphony Orchestra. Quant à celui de Zelda II, je vous laisse imaginer le choc quand j’ai entendu pour la première fois sa version « Hyrule Temple » dans Super Smash Bros. Melee.

Combien de Korogus avez-vous débusqués ?

Je ne peux pas donner le chiffre, je n’ai pas encore dit mon dernier mot là-dessus, mais je suis assez loin du compte pour être tout à fait honnête…

Quel est votre texte sur Zelda dont vous êtes la plus fière ?

Il faut bien reconnaître que c’est avec l’expérience que l’on s’améliore et dans la mesure où je préfère ne pas relire tout ce que j’ai pu écrire il y a trop longtemps, je dirai peut-être le chapitre sur la figure de Zelda dans ce livre sur Breath of the Wild. C’est sans doute le passage que j’ai pris le plus de plaisir à écrire et les retours de Third étaient très enthousiastes là-dessus, donc ça ne doit pas être si mauvais…

Merci beaucoup Valérie pour votre temps et vos réponses.

Merci à vous et à tous ceux qui nous lisent.

Interview réalisée par Zemo, le 01 décembre 2017

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À propos de l'auteur :
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