MM, une malfaisante continuité

1) Introduction

Chaque Zelda renferme en lui un message qui doit passer dans l'esprit du joueur pour qu'il se sente vraiment "dans le jeu". C'est bien sûr l'angoisse et le mystère qui doivent marquer le joueur dans MM. Mais pourquoi avoir créé un tout autre style ? Et quels en sont les éléments cruciaux ? C'est en reprenant tout le jeu que l'on peut les discerner.

2) Les particularités du titre, et son évolution par rapport aux épisodes antérieurs

MM, un Zelda différent ? Eh bien oui, je crois que nous pouvons parler de cela. Pour vous faire comprendre en quoi MM est un Zelda à part, j'ai réuni quelques points dans ce grand 2) afin de pouvoir expliquer, dans le grand 3), quels moyens ont été mis en place pour donner un relief particulier à MM. Les phrases de conclusion de chaque point sont inscrites en gras.

a) Mise en situation

Après la sortie de Oot, tout le monde le sait, Nintendo crée un autre Zelda intitulé Majora's Mask. On peut considérer Oot comme étant une grande réussite. Une réussite qui sera difficile à surpasser !

Développer un jeu qui serait encore meilleur que Oot ? Les concepteurs se sont doutés que la création d'un tel jeu, qui suivrait les mêmes lignes de réussite que Oot, ne serait guère appréciée par les fans, car une telle "répétition" aurait été lassante. Il fallait donc trouver une solution, et vite.

b) Un autre style

Face à ce problème, Miyamoto aurait trouvé une solution : développer un volet original, très différent des autres titres précédents pour susciter des émotions nouvelles chez le joueur au moyen d'éléments nouveaux. Erreur ou trait de génie ? C'est la grande question qui sépare les fans en deux groupes bien distincts ; ceux qui reprochent cette différence par rapport à Oot, et ceux qui ressentent encore plus de sensations dans MM que dans Oot. Mais quels sont ces éléments nouveaux ? Briser la continuité au profit de l'innovation ; cela a-t-il profité à Nintendo ?

c) Les nouveautés

1) Les masques

Dans Oot, la place qu'occupaient les masques était infime par rapport à l'aventure toute entière. Dans MM, les concepteurs ont analysé toutes les possibilités nouvelles qu'offraient les masques, (à savoir de nouveaux pouvoirs, de nouvelles identités possibles pour le joueur,...) pour les exploiter dans tous les domaines du jeu. Ils ont donc imposé, par l'intermédiaire de cette exploitation, les masques comme étant les objets principaux de l'aventure.

Avoir donné une grande importance à la collecte des masques est une bonne idée. Pourquoi ? C'est encore trop tôt pour vous le dire. Rendez vous dans la deuxième partie !

2) Un village principal

Tout au long de l'aventure, le joueur visite de nouveau lieux, de nouvelles contrées, et interagit avec les différentes populations qu'il rencontre, mais il revient toujours à un même village : le Bourg Clocher. C'est une petite ville très complète où rien ne manque (du stand de tir et jeux d'adresse aux diverses auberges), et où la présence d'éléments évoquant le temps est très marquée. Serait-ce une allusion à Oot ? C'est en tout cas la seule similarité qui rapproche MM de Oot. En effet, on y distingue un clocher comportant une horloge en bois décorée de peintures, dont les déplacements sont accompagnés de cliquetis rappelant le déroulement du temps.

Les heures... Un clocher... Un village représentatif de la course du temps ? Oui, je pense que c'est ça. On observera que les concepteurs tiennent plus que tout à montrer discrètement que MM est une suite à Oot.

3) Un même thème

Qui ne connait pas le célèbre air de Bourg Clocher ? "lalalalala laaaaala..." Vous voyez ce que je veux dire (NDB : pas du tout !) ? L'aventure se déroulant sur trois jours, le fait d'entendre le même morceau de musique dans la ville deviendrait lassant. Mais en même temps, changer de musique reviendrait à étouffer le charme de la ville.

Analysons à présent : la musique est composée de mesures. Ces notes sont rythmée par la cadence. La question est : Comment varier ce thème, sans en changer les notes ? La réponse est de jouer sur cette cadence, et par la même occasion de rappeler le temps.

Le fait de changer la cadence de l'air permet non seulement d'éviter la lassitude, mais aussi au joueur de se repérer dans les trois jours au son de la musique.

4) Notion temporelle

Outre l'accent porté sur les masques, les concepteurs ont mis le paquet sur le déroulement du jeu, et plus exactement sur le temps. Pour la première fois dans un Zelda, le jeu est entièrement rythmé par les heures. Les évènements se déroulent à des moments bien précis, et tout est organisé sur le plan temporel. On se souvient que le temps était assez mal représenté dans Oot ; même si l'on avait droit à une lune et un soleil, les enchaînements entre les différents moments de la journée restaient peu travaillés, et c'était tout juste si le ciel changeait de couleur. Ici, dans MM, les détails graphiques des jours et leur répercussion dans l'environnement sont bien mieux rendus ; on se rapproche presque de TWW.

Le développement du temps entraîne avec lui une nette améliorations des graphismes du ciel et de la journée.

5) Une pression

En instaurant le système de temps "limite", les réalisateurs du jeu poussent le joueur à accomplir ses actions dans les plus brefs délais, et avec une grande précision, car souvent, il ne dispose pas d'un nombre d'essais illimité. Il faut donc agir vite, et bien.

A travers cette pression, on incite le joueur à gagner en confiance, en sûreté, mais aussi en précision.

6) Des formes peu communes

Les masques permettent à leur porteur d'obtenir certains pouvoirs qui se révèlent indispensables pour l'aventure. On distingue parmi cet équipement trois masques de "transformations", qui permettent de se changer en Goron, en Zora ou encore en Peste Mojo. Ce procédé donne l'occasion au joueur d'étendre ses possibilités d'actions, car chaque transformation a ses propres coups spéciaux.

Un excellent moyen de se rapprocher des peuples. On voit l'univers sous un autre angle à travers ces masques. On peut penser qu'il s'agit d'une recherche d'identité pour le joueur.